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Qu’est-ce que la matière organique?

24/09/2020 | Biodéchets Jardinage au naturel Paillage Sol
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Vivante et morte … la matière organique, clé de la fertilité des sols

Dans l'univers du compostage et plus largement du jardinage ou de l'agriculture revient souvent le terme de matière organique. Cycle de la matière organique, taux de matière organique ou matière organique de telle ou telle origine. L'expression est tellement usitée que les initiés ne prennent même plus la peine de l'énoncer dans son entièreté, se limitant à un bref MO qui laisse dubitatif le public moins averti.

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Une feuille de haricot sur le sol, au mois de septembre…
et déjà les décomposeurs sont passés par là : le jardin est vivant !


Par matière nous qualifions une substance formée et par organique nous faisons écho aux organismes vivants. Il s'agit donc de la matière produite par les êtres vivants (animaux, végétaux et micro-organismes) et qui constitue leurs corps. Nous parlons alors de biomasse.
Mais la MO peut aussi se présenter sous une forme dite morte. Cela inclut les déchets métaboliques, sous-produits des activités du métabolisme, et les corps des êtres vivants restitués à la fin de leur vie puis décomposés. Nous parlons ici de nécromasse.

Biomasse et nécromasse sont intimement liées puisqu'elles se nourrissent l'une de l'autre grâce au travail de différents intermédiaires au sein du cycle de la matière organique.
La grande majorité de la biomasse planétaire est constituée par le règne végétal (80%). Ayons à l'esprit la partie aérienne des plantes, visibles, mais également la partie souterraine avec des racines nombreuses qui explorent les sols sur de grandes distances.

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Vivants et morts, visibles et invisibles... les animaux sont de la matière organique… et participent à sa transformation








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La partie souterraine des plantes (les racines) produit une grande quantité de matière qui participe à l’activité biologique des sols en stimulant bactéries, champignons et autres microorganismes (en haut racines de féveroles, en bas racines de tomates)
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L'ensemble de la communauté animale ne représente que 0,5% de la biomasse totale, et pour illustration, l'humain ne pèse pas lourd avec 0,01 %. Les vers de terre, quant à eux, ne représentent pas 80% de la biomasse animale terrestre comme nous l'entendons parfois. Il peuvent représenter jusqu'à 80% de cette dernière (sans les espèces aquatiques) dans certaines zones tempérées mais sont absents d'autres régions du monde. Dommage, l'anecdote était séduisante.


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Un sol très riche en matière organique va favoriser la vie sous-terraine… ici les vers de terre

La nécromasse désigne la masse de matière organique morte présente dans un écosystème. Elle comprend bien évidemment les cadavres animaux et végétaux et tous les déchets qu’ils produisent mais ne se limite pas à ces trois éléments. Elle inclut également la matière déjà décomposée, transformée puis stockée dans le sol sous forme d’humus.
Le stock d’humus présent dans les sols s’est constitué au fil des âges et de la formation des sols au cours d’un long et lent processus appelé pédogénèse. Au cours de ce dernier, des communautés diverses d’êtres vivants se sont succédées, enrichissant le milieu en matière organique et créant des conditions favorables à l’émergence de la communauté suivante aux besoins plus importants. Des milieux pionniers aux forêts ayant atteint leur climax (État durable d'équilibre atteint par l'ensemble d'un sol et de la végétation qu'il porte. La biomasse y est théoriquement maximaleDéfinition du Larousse), les sols se sont formés en accumulant une quantité toujours croissante de MO. Bien que sa présence dans les sols soit essentielle à la croissance des végétaux en milieu tempéré, la quantité de cette dernière reste modeste et une part finalement faible de la composition totale. Elle peut aller de 0,5 à 10 % en fonction des écosystèmes.

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Processus de transformation de la matière organique

En France, la teneur moyenne de MO dans les sols cultivés est estimée à entre 3 et 5 % en moyenne. Certains agronomes s’alarment de la chute de ce taux dans les surfaces de grandes cultures où il aurait été divisé par 3 au cours des quarante dernières années.


D’un point de vue humain et intéressé, nous percevons la MO du sol au travers des bénéfices qu’elle peut nous apporter. Ces derniers sont développés dans un autre article du présent dossier. Néanmoins, arrêtons-nous un instant sur le potentiel de fertilité que confère aux sols un taux satisfaisant de MO.
Certes, la totalité ne peut profiter directement aux plantes sous une forme accessible. S’ils ne minéralisent pas activement, les humus plus stables constituent cependant une réserve qui pourra se mettre en mouvement, se libérer lentement au fil des besoins. L’entretien de ce patrimoine organique par des apports réguliers de matière et des pratiques culturales adaptées qui aggradent les sols s’avère décisif pour préserver à court et moyen terme notre patrimoine nourricier.
Nos modes de vie modernes conduisent à une désorganisation allant parfois jusqu’à la rupture des flux organiques. Dissociation des lieux de production et de consommation sans retour des sous-produits aux premiers, concentration des déchets dans de grosses unités de traitement, export de la matière loin de son espace d’origine.....
La perturbation de ces cycles devient un problème majeur au même titre que l’effondrement de la biodiversité et le réchauffement climatique.
A ce titre, le compostage et le paillage se révèlent être des solutions intelligentes et inspirées afin d’inscrire les activités de l’homme en cohérence avec le fonctionnement naturel du cycle de la matière organique.

Romain Crochet, Maître composteur